Analyse critique de l’étude du Bec Hellouin

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Cette étude de Catherine Stevens pour Barricade (lieu belge d’émancipation collective et de création d’alternatives) a le mérite de faire une analyse certes critique (mais nécessaire il me semble) des études de la Ferme du Bec Hellouin en partenariat avec l’INRA qui insistent sur les potentialités des très petites surfaces agricoles (1 000m² soit 1/10 hectare) pour les maraîchers.

La Ferme du Bec Hellouin a le très grand mérite de communiquer sur la permaculture appliquée au maraîchage. Je suis aussi convaincue que leur vision des micro-fermes travaillant en partenariat est l’avenir de l’agriculture.

Mais pourquoi vouloir toujours limiter la taille de ces micro-fermes à 1 000m² ?

Très sollicitée via ce site par des aspirants maraîchers voulant s’installer, je suis de plus en plus mal à l’aise en lisant des messages de personnes recherchant cette surface suite à la lecture de cette étude.

Certes, certains maraîchers, avec certains marchés et certaines productions s’en sortiront sur cette surface. Mais combien galèreront, faute de place ?

Catherine Stevens ajoute à cela des remarques pertinentes sur la forme (calcul du revenu, des heures de travail, etc.) et le fond (n’est-ce pas davantage du maraîchage bio-intensif que de la permaculture ?).

Je recommande la lecture de cette analyse à tous ceux qui envisagent de s’installer et de choisir le beau métier de paysan.

Vous pouvez également lire la réponse de François Léger qui contre-balance ce point de vue sur le site de Barricade.

29 commentaires pour “Analyse critique de l’étude du Bec Hellouin
  1. rambour dit :

    Bonjour
    Il serait bien, sur ce dossier, que vous ajoutiez la réponse de François Léger qui a été publiée sur le site barricade. Cela permettrait de compléter l’analyse critique …. et aussi l’étude du Bec Hellouin elle même. Après, à chacun de se faire son opinion. Bien cordialement et félicitations pour votre site.

    • rambour dit :

      Oups, je n’avais pas vu le dossier lié à l’étude du bec hellouin, mea culpa … par contre, le lien renvoie vers le rapport d’étape et pas l’étude finale. Cordialement

    • Valentine dit :

      Bonjour
      Merci j’ignorais que sa réponse existait, et elle est intéressante. La vérité se situe sûrement un peu entre les deux, l’important étant de se rappeler que tout modèle est lié à un contexte.
      Je mets à jour avec le lien
      A bientôt
      Valentine

    • Alain dit :

      Cette critique souligne de nombreux points qui m avaient moi aussi “ennuyé” lors de mes différentes visites du site de la ferme du Bec Hellouin ainsi que sur d autres sites dédiés à la permaculture. Je pense néanmoins qu une critique doit être factuelle et elle l est à bien des égards mais doit éviter l esprit partisan et de dénigrer de manière insistante le travail auquel elle se réfère au risque (atteint) de lui faire perdre une partie de sa crédibilité.

    • mylène dit :

      BON, il ressort de ces critiques que la ferme du bec Hellouin ne se suffit pas à elle même et que sans les stagiaires elle ne serait pas aussi rentable.

      BON, dans le passé, avant l’agriculture moderne, les enfants d’agriculteurs aidaient leurs parents et n’étaient pas payés. Et à cette époque on s’entraidait entre agriculteurs.

      On va devoir comprendre que si on veut une certain qualité de nourriture, IL FAUDRA AIDER CES FERMETTES.

      J’imagine que si mon village possédait une micro ferme, il nous faudrait l’aider. Cela me paraît normal de créer une sorte de service civique agraire et chaque villageois devra faire sa part d’heure annuelle. Sinon l’INDIVIDUALISME nous perdra à nouveau.

  2. Roussel dit :

    Bonjour, je suis sur un projet de microferme commencé avant les résultats et je trouve bien que ces résultats soit sujet à critique : ainsi peut avancer le monde. Néanmoins, dans toutes les critiques que je peux lire, il manque un élément qui me semble essentiel : les 1000 m2 cultivés sont sur une parcelle de 1 hectare et cela ne fonctionne que si toutes les interactions sont présentes. Les responsables de ce rapport ont, quant à eux, toujours été clairs à ce sujet (ex : la vidéo « les microfermes » visibles sur youtube ou le site de la ferme.

  3. Headunter dit :

    Merci pour ce travail salutaire !

  4. julien dit :

    Bonjour,

    ce que je trouve le plus choquant dans la ferme du Bec Hellouin, c’est l’utilisation des stagiaires.
    En effet, ceux ci payent pour étudier la permaculture à l’occasion de stage et participent aux travaux agricoles, lesquels travaux ne sont pas comptés dans le temps de travail nécessaire à la production des 1000m². L’utilisation d’une main d’oeuvre payant pour travailler rend le projet en lui-même sujet à caution

    • kervennic dit :

      Le probleme est que le bio francais est en competition avec le bio espagnole qui lui utilise des esclaves sans papiers…La ca ne choque personne. Alors les maraichers se debrouillent comme ils peuvent, y compris le bec hellouin. Sinon c’est glyphosates ou bien en bio, plastique a gogo… Au choix !

  5. Julien Martin dit :

    Oui il est vrai que tout comme le Permaculture Research Institute en Australie, la ferme du Bec Hellouin ne déroge pas à la règle, on ne peut pas économiquement parlant vivre de la production en permaculture. Sans stagiaires (payants ou pas) cela n’est pas possible, pas viable. Le principe est louable, la pratique aussi tant que l’on a une flopée de stagiaires pour nous aider autant financièrement que manuellement. Et puis 1000m² cultivés, laissez moi rire ils viennent d’où vos légumes de garde en hiver?
    Je pense qu’il n’y a pas une solution miracle en particulier mais chaque agriculteur peut piocher ses idées dans toutes les méthodes de production.

    • kervennic dit :

      J’ai l’impression qu’il est possible de produire beaucoup sur 1000 m2. Je suis une bite en jardinage mais je produis absolument tous mes legumes pour 3 personnes plus invites sur 300-400 m2.
      L’avantage de la perma ou du no dig, comme on voudra, c’est que si en plus on fait ses graines, on peut vraiment densifier les cultures.

      Par exemple cette annee j’ai rate mes semis de maches, mais comme j’ai laisse grainer les autres annes, il y’ a de la mache partout en hiver de toute facon, dans chaque vide de culture. Idem pour les salsifis ou la roquette ou le tetragone.

      J’ai meme eu des repousse spontanee de potimaron et de tomates qui ont donnees en reproduisant assez bien la variete precedente.

      Les rendements en maraichages ne sont pas eleve parce qu’on manque de matiere organique en France. L’elevage s’industrialise, le lisier n’est plus utilisable en bio, les bles n’ont plus de pailles, il n’y a plus de haies.

      Au temps du cheval, la matiere organique etait disponible sans limite chez les maraichers parisien et ils avaient des rendements extremement important par unite de surface.

    • Kervennic dit :

      Le rapport ne nous eclaire pas plus que la comm du bec hellouin. Moi ce qui m’interresse, ce sont les rendements du bec compare a des fermes voisines ayant le meme climat et sur une meme annee sur un m2. Ensuite connaitre leurs frais (intrant, petrole, pesticides, semences etc).

      Tout le monde sait que l’on ne devient pas riche en etant paysan, mais quand on a une production variee, comme c’est le cas en permaculture, il faut defalquer toute la nourriture autoproduite, au prix du bio pas de leader price, parce qu’au final cela fait autant d’argent libre d’etre depensé en externe… Or pour une personne mangeant bio, le budget bouffe n’est pas une petit budget.

      Par exemple je produit des lapins que je mange, or si j’ai une envie subite de lapin bio, il me faudra pour les trouver a 10 euros le kilo faire 200 km minimum et les commander bien a l’avance (soit plusieurs heure de travail et du petrole) ou aller payer 20 euros le kilo dans un improbable biocoop qui ne vends pas de Lapin de toute facon.

      La vraie viande bio et paysanne est tres chere alors qu’elle est facilement integre dans une entite permacole, idem pour plein d’autre produits (en general le maraiche bio du coin n’ a pas tout, notamment des fraises qui sont hors de prix alors que c’est par kg qu’on les ramassent au printemps). J’ai gagne 2500 euros durant 10 ans mais ne n’ai jamais mange une seule fraise bio durant cette periode, car une fois le loyer payer et le reste, les fraises a 10 euros le kilo en ville…

      Mieux vaut gagner 300 euros par mois et gaver ses enfants de fraises, de cassis, de chataignes etc. Donc le revenu ne donne pas tous les elements d’un niveau de vie effectif; qui n’est pas bon si on est un producteur specialise qui diot tout acheter.

      Ensuite il y’ a une malhonete profonde a reprocher a se couple de commencer avec un petit pecule. Certes si on compare avec une personne de plus de 40 ans qui n’aura jamais le droit aux aides, c’est un peu sec. Mais les jeunes recoivent de tres fortes aides pour s’equiper en bio conventionel, voir acheter des terres et la plupart sont regulierement douché d’aides diverses et variees qui tirent vers le bas le prix de la production.

      Il est donc evident que seul des gens fortune pouvaient se permettre de tenter une telle experience a cet echelle. Mais Lavoisier etait un noble plein de thune, cela n’empeche pas ses lois d’etre universel. Si leurs methode culturales permettent de produire sans trop de machines, de petrole, de plastique et dans des petites unites resiliente, c’est plutot un resultat interessant, meme si cela en fera evidemment enrager plus d’un.

      Il est clair que quand ces aides disparaitront

  6. Oliv dit :

    Après avoir fait mes 2 stages de CCP au Bec Hellouin suivi d’un BPREA, je suis assez d’accord avec l’analyse de Catherine Stevens. On se rends compte en étant sur place que beaucoup de choses ne sont pas dites dans la comm’ réalisée par le Bec Hellouin et que du coup le modèle n’est pas du tout reproductible. Sans de gros moyens financiers de départ, de la main d’oeuvre gratuite, et certains arrangements avec les lois (permis, loi sur l’eau,etc,…), le projet n’est pas viable.
    Ce qui est effectivement inquiétant c’est de voir des centaines de projets qui se basent aveuglément sur cette « comm' » et qui nécessairement vont se planter et pour certain tout perdre.
    Il y a certainement des idées à reprendre (surtout en marketing) mais ce n’est pas un modèle à suivre.

  7. julien dit :

    merci pour ces infos que j’avais partiellement déjà lu via d’autres blogs. Je crois qu’il est urgent de communiquer que le fait que la permaculture est un lien d’expérimentation (pas scientifique) interessant mais n’a pas fait la démonstration qu’elle peut s’ériger tel que en contre modèle général. Malheureusement autour de moi (et dans la campagne présidentielle actuelle via 1 ou 2 candidats), j’entends toujours le contraire « permaculture = THE solution », sans nuances. Idem pour la ferme pédagogique de Terre et humanisme en Ardèche, très connue et toujours présentée comme un exemple salvateur (le fameux carré d’agriculture vivrière permettant de faire vivre 4 personnes en autarcie) alors que l’on retrouve un peu les même dérives méthodologiques et éthiques qu’au Bec Hellouin (CF artciles très critiques (et critiquables) https://blogs.mediapart.fr/yann-kindo/blog/280912/agroecologie-quand-bastamag-voit-ce-quil-croit)… Bref là encore je crois qu’il ne faut pas se tromper de cible : nous avons là des lieux où s’invente et se crée une dynamique en soi intéressante mais il faut éviter absolument que la permaculture devienne une nouvelle croyance mystique. C’est déjà trop tard ? J’espère que non.

    • julien dit :

      Je précise, en Ardèche aussi en 2012 (si on en croit leblogs en, question, mais ça se recoupe avec ps mal de trucs): gestion de l’eau non raisonnée et surtout main d’oeuvre gratuite ou payante … (soupir)

    • Valentine dit :

      Bonjour Julien, je suis tout à fait d’accord. Dur de savoir où tout cela va nous mener…

  8. evelyne caruyer dit :

    J’avais bien pressenti que la com’ était très critiquable !

  9. evelyne caruyer dit :

    Une erreur dans la note N°15 :1.000m2=100*100m
    En fait , 1000m2=40m*25m

  10. Kevin dit :

    Qui est assez crédule pour croire que cette étude fonctionne dans tout les cas. La permaculture , c’est aussi s’adapter à un milieu , évidement comme chaque milieu (systeme) est différent , chaque solution , méthode, technique , surface , etc… sont différentes. Sans les defendres, et sans dire non plus qu’on les attaques; ils ont mené une action positive sur laquelle ils communiquent , à chacun de savoir garder un regard critique , et de se servir de cette etude comme outil plutôt que comme model. Pour finir , ils sont peut être dans une démarche biodynamique , la biodynamie restant en grande partie; partie-faisante de l’agroécologie, qui elle même fait partie faisante des systèmes et solutions utilisées par la permaculture. N’est ce pas alors de la permaculture si on arrête de jouer sur les mots? Car il faut aussi observer en leur projet , d’autres avantages que le simple fait de produire des légumes , ils produisent également une expérience —>contenu mémoire, contenu pédagogique mais aussi du lien, du partage , des solutions (proposées et non imposées)… etc je crois qu’ils sont un (parmis bien d’autres) l’exemple qu’on peut réussir à produir (pas que des légumes donc..) tout en sortant d’un cadre. Alors j’invite tout ceux qui liront la fameuse étude de l’Inra , à eux aussi garder leur esprit critique et à sortir du cadre proposé , imposé ou exposé. amicalement, Kevin.

  11. Jean-Pierre OLLIVIER dit :

    Le Bec Hellouin est un exemple et on peut critiquer mais ca a le grand mérite de vulgariser et de faire connaître que d’sutres modes d’agriculture sont possibles. Pour avoir fait un stage au bec je peux témoigner de leur honnêteté dans les présentations. Ils disent bien avoir eu des échecs, que le modèle n’est pas transposable tel que et que rien n’est acquis y compris au bec. Ce qui correspond à la permaculture: observer, prendre en compte la nature et adapter son projet au contexte.

  12. Efr dit :

    La permaculture c est aussi partager. En l occurrence eux ne partage pas grand chose. Bien au contraire ils se gavent. J ai jamais compris ça…. Comment peut on enseigner le partage etc en commençant par se gaver de pognon ?

    • Tienou42 dit :

      Très juste Efr

    • Mark Borden dit :

      Efr – j’ai fait un stage au Bec en 2018 et je peux témoigner qu’ils ne se « gavent » pas du tout. Ils sont transparents dans leur comptes.
      Quant au partage, je dirais que c’est un élément central à leur démarche. Ils donnent sans compter.
      Je vous encourage à mieux les connaitre.

    • fred dit :

      Efr, des preuves de ce que vous avancez ?? Il est aisé d’asséner des accusations, moins de les étayer de preuves. Personnellement, je ne sais pas si vous avez raison ou tord parce que je n’ai pas été voir leurs comptes, ne surveille pas leurs finances. Ce qui est sûr, c’est que ça n’a rien à voir avec le propos sur l’étude dont je ne suis pas sûr que vous ayez pris connaissance… Comme d’habitude, internet produit le meilleur comme le pire et n’est pour le coup qu’une triste caisse de résonance de la bêtise humaine. Bon courage !

  13. vogel jean dit :

    Paysan depuis 25 ans sur 2Ha dans la montagne vosgienne, je trouve l’étude excellente. Fréquentant des dizaines de paysans, je n’en connais pas un qui gagne le SMIC horaire. Ce qui me gène le plus est ce côté ‘donneur de leçon’ de personnes découvrant l’agriculture et subitement en en savant bien plus que des générations de paysans.
    L’humilité est pourtant une caractéristique des vrais paysans.

    • kervennic dit :

      Bof.
      Les paysans d’aujourd’hui sont surtout ceux qui ont craché sur les techniques « archaiques » de leurs aieux pour se conformer aux exigences des techniciens et des banquiers.
      Les gens intelligents qui ne voulaient pas se transformer en exterminateurs ont quitte les campagnes. Voir le film Biquefarre ou chaque personne ayant des racines paysannes reconnaitra un membre de sa famille.

  14. laurence bertet dit :

    Je lis les critiques et je suis assez surprise de la mauvaise foi qui en ressort
    Concernant la main d’oeuvre dans l’étude chaque intervention est notée et évaluée donc la main d’oeuvre est quantifiée ,ce qui veut dire que sur ce point l’étude est juste.
    Connaissant les publications des Herve Gruyer,à aucun moment ils n’est dit que ce modèle est transposable n’importe où avec juste 1000m de terrain…au contraire
    Titulaire d’un PDC ,j’ai organise des initiations à la permaculture je suis étonnée de la haine que ces gens, que je ne connais qu’a travers leurs écrits, suscitent…Haine, jalousie,bêtise…nulle part il n’est écrit que la perma doit être un sacerdoce non rentable …Dommage face à une telle réussite,à la recherche qui en a découle, à la visibilité qui a été donnee à la permaculture,sur laquelle en France nous sommes tellement en retard,que cela déclenche autant de malveillance infondée plutôt qu’un désir de se retrousser les manches et de s’y mettre tous, à notre niveau…

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