La permaculture – témoignage du Bec Helloin

L’émission La Tête au Carré de France Inter invite Charles Hervé-Gruyer de la ferme du Bec Helloin pour parler de permaculture.  La ferme du Bec Helloin est située en Normandie et compte 20 hectares au total, dont seulement 4500m² en maraîchage. Comme elle comprend à la fois du maraîchage, de la forêt et de l’élevage, on peut dire qu’elle est basée sur un système agro-sylvo pastoral.

Le Bec Helloin est la ferme commerciale la plus connue dans le domaine de la permaculture en France. Elle a sorti une étude sur la possibilité de vivre de 1000 m² pour un maraîcher (le dizième du minimum recommandé en général pour un maraîcher mécanisé, souvent un hectare) en coopération avec l’INRA. En intensifiant les productions et en portant beaucoup d’attention à la terre (ce qui est rendu possible par la non-mécanisation) on optimise les rendements de façon impressionnante.

On a beaucoup ramé les premières années car on était trop grands. Charles Hervé-Gruyer

Une culture sur si petite surface permettant de dégager le salaire d’une personne rendrait possible le lancement de nombre de maraîchers n’osant pas se lancer grâce à différents facteurs

  • très peu de crédit à rembourser car la surface à acheter / louer est très petite
  • très peu de frais de fonctionnement : pas d’investissement pour un tracteur, pas de produits phyto-sanitaires à acheter
  • des débouchés beaucoup plus facile à trouver : les maraîchers peuvent accéder à une terre beaucoup plus proche des villes et écouler leur production beaucoup plus facilement

Comme des pionniers de la micro-agriculture nord-américaine (John Jeavons par exemple) Charles et Perrine ont cherché à ré-appliquer  les anciennes méthodes des maraîchers de Paris du 19e siècle.

Paris était autonome en légumes produits intra-muros pendant la moitié du 19e siecle. Ils travaillaient sur 1000m² à peu près.  Charles Hervé-Gruyer

Ils cultivent en grande partie sur buttes permanentes (ce qui leur fait abandonner peu à peu la traction animale) et créent leurs « paysages comestible », en quête de beauté et de relief : mares, îles, mandala. Ils cultivent prs de 1000 variétés différentes en polyculture et mélangent les arbres, les légumes, et aromatiques sur les mêmes buttes.

Tout cela permet la création d’un écosystème stable, moins soumis aux maladies et ravageurs.

En créant quelque chose de très dense et très diversifié on va chercher à démultiplier les interactions qui existent entre tous ses organismes (..) C’est lié à la densité diversité et l’hétérogénéité  qui se créent dans ce milieu, va être un instrument de la stabilité, ce qui fait sa force et sa productivité. François Léger

La ferme du Bec est souvent critiquée dans le monde de la permaculture française à cause du coût élevé de ses formations, de ses initiatives parfois jugées élitistes et de l’apport de fumier jugé trop important et polluant par certains. N’empêche que c’est en expérimentant et en communiquant sur la permaculture qu’ils en font parler.

Pour creuser le sujet davantage vous pouvez lire leur livre, Permaculture, guérir la Terre, nourrir les hommes (Perrine et Charles HERVE-GRUYER), Editions Actes Sud.

2 commentaires pour “La permaculture – témoignage du Bec Helloin
  1. DoM dit :

    la ferme du Bec est à mon avis une référence qui fera tâche d’huile dans le monde des futurs NIMA(non issus du monde agricole)culteurs. Nombres d’entre nous ne savons pas encore que nous serons sous peu des nimaculteurs car nous devrons répondre à une crise sans précédent de notre chaîne alimentaire, due surtout et en partie à l’épuisement de notre « cher » pétrole qui se trouve à toutes les étapes de cette chaîne.
    autrement dit, un grand nombre d’entre nous n’aurons bientôt plus rien à se mettre sous la dent, si ce n’est en remontant nos manches et à en mettant les mains dans la terre.
    Pablo Servigne (chercheur indépendant) a sortie un rapport des plus intéressants et des plus pertinents sur cette crise qui ne nous menace plus dans le sens ou elle est inévitable hélas. nous avons d’ors et déjà foncé dans le mur. plus de marche arrière possible. juste aller de l’avant avec de belles idées et l’espoir qu’elles se répandront assez vite pour limiter la casse humaine.
    je t’invite vivement à te pencher sur son livre (Nourrir l’Europe en temps de crise). ça vaut le détour et ça fait froid dans le dos.
    son site: http://pabloservigne.com/
    tu connaissais peut être déjà.
    au plaisir sur une terre et avec des esprits plus fertiles.
    Dominique

    • Valentine dit :

      Bonjour Dominique,
      Je ne connaissais pas ce Pablo Servigne, je vais creuser car son livre semble très bien fait.
      Merci pour cette info !
      Valentine

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