La ferme permacole Bahrija Oasis
J’ai eu la chance de participer à une formation en permaculture de 6 jours, organisée par l’organisme Permaculture Research Foundation à Malte.
Cette formation m’a permis de découvrir la ferme en permaculture de notre formateur, Peppi Gauci.
Situé au sommet d’une colline rocailleuse, juste avant la mer à l’ouest de Malte, le terrain de la ferme ne devait pas être le plus prometteur de l’île lorsque Peppi a décidé d’en faire son jardin d’Eden il y a onze ans.
Malte a un climat chaud et surtout très sec, avec des vents parfois très violents. La première étape fut donc d’affaiblir les vents dominants et de réussire à capter l’eau au maximum.
Lombricompost : les déchets deviennent ressources !
Afin de valoriser au mieux les « déchets » verts issus des récoltes et des cultures, des baignoires sont utilisées pour élever des vers du fumier et bénéficier de leur fameux lombricompost. Des mouches soldat noires se sont aussi invitées, et procurent des protéines de très bonne qualité qui pourront être utilisées pour alimenter la volaille. Chaque baignoire est drainée et un seau récupère le thé de compost contenant de précieuses bactéries, qui fertilisent le sol et y encouragent la vie des micro-organismes.
Humanure
Pour valoriser un déchet bien souvent dédaigné voire tabou, la ferme utilise des toilettes sèches puis composte les déjections humaines. Ici les matières sèches et liquides sont mélangées (contrairement à d’autres systèmes qui séparent l’urine du reste). Loin des cabanes rafistolées de certains lieux alternatifs, ces toilettes sont de « vraies » toilettes qui n’ont rien à envier à leurs soeurs « traditionnelles ». Aucune odeur, une simple poignée de sciure ajoutée à la fin de vos affaires, et le tour est joué. Lorsque les bacs situés sous les toilettes sont pleins, ils sont alors vidés dans des contenants fermés et laissés à composter. Les anglo-saxons appellent ce type de compostage « humanure », contraction de « human » et « manure » (fumier).
Il suffit d’attendre suffisamment longtemps (généralement un an) pour que tous les pathogènes potentiels soient éliminés, et les arbres fruitiers bénéficieront d’un très bon amendement. Cela peut sembler trivial, mais combien de litres d’eau potable ont été évités grâce à ce système, dans des contrées où chaque goutte compte ?
Système aquaponique
Un système aquaponique assez élaboré sur 2 étages relie des bacs de culture (faits avec des anciens containers IBC) à une mare qui abrite des carpes koï et des « mosquito fish » (gambusies), connus pour ne faire qu’une bouchée des larves de moustique. Ces poissons ont été choisis pour leur rusticité par rapport à la température de l’eau et à leurs faibles besoins en oxygène. Cela permet à Peppi de ne pas toujours faire tourner la pompe de son système aquaponique et d’économiser de l’électricité (produite par des panneaux photovoltaïques). Les photos ont été prises en mars, période plutôt creuse, mais les bacs de cultures sont remplis de plantes lorsque le système est plus actif.
Peppi ajoute 2 éléments intéressant dans ses bacs de culture :
- des vers de compost qui enrichissent le substrat en bactéries bénéfiques et le fertilisent
- et du biochar (traduit selon Wikipédia par « charbon à usage agricole »). Les effets du biochar ne sont pour le moment pas évidents pour moi, si des experts veulent l’expliquer en commentaire ! D’ailleurs il utilise ce type de charbon également dans les champs de culture.
Wicking beds
Les wicking beds sont des bacs de cultures autonomes en eaux. Concrètement, cela veut dire que le fond est constitué d’une réserve d’eau, qui va remonter par capillarité pour irriguer la terre du bac. Dans un climat chaud comme celui-ci, les économies d’eau sont très importantes : avec un paillage adéquat, on limite fortement la perte d’eau par évaporation. C’est également une économie de temps et d’énergie humaine : il suffit de remplir les bacs d’eau quelques fois par mois pour irriguer ses cultures, même au plus chaud de l’été.
Pour faire ces wiking beds, des bacs de dimension très variables sont utilisés : du simple jerrican au bac construit sur mesure. Dans tous les cas, il utilise des graviers en couche inférieure pour stocker l’eau, puis les couvre de géotextile, en prenant soin d’ajouter un tuyau qui permettra d’alimenter la couche inférieure en eau. Un drain est placé en haut de la couche de graviers pour évacuer l’eau lorsque la couche inférieure est saturée d’eau. La terre est ensuite ajoutée pour former la couche supérieure du bac.
Il suffit ensuite de planter et de bien pailler.
Cultures et animaux dans le système
Peppi est végétarien, mais il fait intervenir de nombreux animaux dans son système : chèvres, oies, poules, canards et poissons en font partie.
Modèle économique de cette ferme en permaculture
La ferme vend des légumes principalement annuels et des fruits (olives, grenades, argumes).
Les formations qu’elle dispense sont aussi une bonne source complémentaire de revenus, et une façon intelligente de ne pas dépendre uniquement de la production agricole pour vivre.
Pour se démarquer, elle propose aussi deux types de produits originaux à des restaurants haut de gamme de l’île : des fleurs comestibles et des graines germées / micro-greens.
Les fleurs comestibles sont des fleurs vivaces et/ou qui se ressèment d’elles-même et sont ramassées sur le terrain de la ferme.
Graines germées et micro-greens :
Les micro-greens sont de jeunes légumes cueillis très rapidement après le semis. On pourrait dire qu’ils sont à un stade entre les graines germées et les jeunes pousses. Les graines sont généralement disposées en plateau et exposées à la lumière (contrairement aux graines germées qui sont souvent laissées dans une semi-obscurité). Lorsque les deux premières vraies feuilles apparaissent (hors cotylédons), il est temps de les récolter. C’est une nourriture très populaire en Amérique du Nord et certains chefs s’y intéressent de près pour leur goût et leur valeur nutritionnelle.
Certains achètent aussi de jeunes pousses de blé pour en faire du jus (wheatgrass juice) supposé très bénéfique pour la santé. Par contre le goût est, disons, difficile à faire passer.
En résumé, cette ferme forme un écosystème cohérent, on voit vraiment les effets sur le long terme d’un bon design en permaculture : une bonne réflexion en amont et une charge initiale de travail importante permet aujourd’hui de bénéficier d’un système qui se gère de plus en plus en autonomie, et de plus en plus productif.
Et en bonus, voici 3 photos de la mer, à quelques mètres derrière la ferme : magique !
merci pour cet article Super …et genial les photos aussi …a bientot j’espere;
Bises,
Patrick
Merci Patrick.
Ce voyage a créé de belles rencontres aussi 🙂
A bientôt !
Bonjour,
J’ai « enfin » pus faire mon ticket d’avion, donc j’arrive demain. J’aimerais venir voir votre Oasis. Pourriez-vous me dire si cela est possible et quel bus je dois prendre? J’attend de vos nouvelles. Béatrice.
Bonjour Béatrice
Si vous voulez contacter Peppi qui dirige la ferme il faudrait le contacter via son site : http://permaculturemalta.org/.
IL faut le contacter avant d’aller visiter (en anglais, il ne parle pas français)
Bonne visite !
Valentine
Très belle ferme ! la récolte est impressionnante. Attention toutefois, les mouches soldats noires (black soldier fly) sont tout de même des espèces invasives http://myrmecofourmis.fr/Une-mouche-invasive-utile-pour-le , il faut essayer de se débarrasser des larves, elles prennent peut-être la place des mouches communes ou des vers de terre dans nos composts.
Bonjour,
Est-ce que tu penses qu’il serait d’accord pour prendre une étudiante en woofing ? J’aimerais beaucoup découvrir la permaculture et le woofing me permetterait d’y accéder. En plus, je pourrais améliorer mon anglais !
Merci,
Bonne journée
Bonjour Alice,
Je ne sais pas s’il prend des wwoofeurs en ce moment, tu peux le contacter sur cette page : http://permaculturemalta.org/get-in-touch/
Bonne chance 🙂
Merci 🙂
Je me permets de revenir vers toi car j’ai envoyé un mail mais je n’ai pas de réponses.. Est-ce que tu aurais un autre moyen de les contacter ? Merci beaucoup
Non désolée, je ne connais que ce mail. Patience, il va sûrement répondre !
Bonjour!
J’aimerai bien faire un stage chez vous pour voir de plus près et bien connaitre votre système afin d’en profiter
chez moi au Sénégal. Mais bon jusque là ça reste un rêve car je n’ai pas les moyens de le faire.
Merci de m’avoir permis de rêver un peu.
lol!!!
Bonjour à vous et félicitation pour votre beau project, l’autonomie vaincra!^^
Par ailleurs, je me demandais si vous proposiez du wwoofing ?
J’ai
Conçu moi aussi mon propre bassin hors Sol aquaponique et jai une experience en permaculture, construction, maraichage qui pourrait vous servir.
J’aimerais entamer en avril un tour Des fermes aquaponoiques du monde et construire la mienne quelque part.
N’hesitez pas à m’ecrire ou m’appeller!
07 69 79 80 57
Jonathan